Dans un précédent article, j’ai évoqué rapidement la fragilité du réseau électrique japonais face aux catastrophes naturelles. Entrons cette fois-ci dans le vif du sujet, en étudiant la résilience du réseau électrique japonais face aux typhons. L’Agence japonaise des ressources naturelles et de l’énergie (ARNE) a justement publié un article sur la question en janvier 20201.
Le Japon, un grand habitué des typhons.
D’après les données de l’Agence japonaise de météorologie, la période des typhons s’étend de mai à octobre. En moyenne, le Japon est frappé par 3,7 typhons chaque année (moyenne entre 2010 et 2019). En 2018 comme en 2019, le pays en a essuyé 52.
Lorsque je vous parle de « typhon », j’entends des pluies intenses et des vents soufflant à au moins 33 m/s, dans une formation pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres de diamètre. On l’appelle aussi « cyclone tropical » ou « ouragan » (oui, d’après Futura Sciences, c’est exactement la même chose)3.
Les typhons peuvent provoquer, entre autres, des inondations, des coulées de boue, la rupture de digues ou de barrages ou la chute d’arbres. Aujourd’hui, intéressons-nous tout particulièrement à la chute de poteaux électriques.
En 2019, deux typhons endommagent gravement le réseau électrique japonais.

Contrairement à nos tempêtes en Europe ou aux États-Unis, les typhons au Japon n’ont pas de prénom, mais un numéro.
En septembre 2019, lors de son passage au Japon, le typhon no 15 (Faxai, de son petit nom occidental) a renversé ou endommagé 1996 poteaux électriques. Dans la ville de Chiba, au sud-est de Tokyo, on a enregistré des pointes de vent à 35,9 m/s.
Environ 930 000 foyers se sont retrouvés privés d’électricité, notamment au centre de la région de Chiba. Il aura fallu au total près de 280 heures pour régler la quasi-totalité (99 %) des problèmes d’électricité.
Les travaux d’intervention ont pris d’autant plus de temps que des arbres et des poteaux électriques avaient chuté sur les routes, empêchant l’accès à certaines zones. Dans certains lieux isolés, le manque d’informations et de préparation a lui aussi contribué à prolonger les délais de réparation. Dans les cas les plus graves, les habitants ont dû se résoudre à signaler eux-mêmes les coupures de courant pour obtenir une intervention.
Un mois après, en octobre 2019, le typhon no 19 (Hagibis, selon les journaux français) en remet une couche. Quoique moins ravageur que son prédécesseur, il provoque tout de même des inondations. De nombreux dispositifs électriques sont noyés et entraînent de nouvelles coupures de courant.
Le groupe de travail pour la résilience du réseau électrique au Japon propose plusieurs solutions.
En 2018, année pendant laquelle le réseau électrique a déjà subi de nombreux dégâts en raison de typhons, le Japon a créé le « groupe de travail pour la résilience du réseau électrique ».
Après le passage du typhon no 15 en 2019, ce groupe de travail a publié un rapport dans lequel il propose plusieurs solutions pour assurer la stabilité de la fourniture d’électricité et pour accélérer les interventions visant à rétablir le courant.
En voici les grandes lignes :
- accélérer les évaluations de la situation et la transmission d’informations grâce à des drones et à des compteurs communicants ; (Un futur compteur Linky à la japonaise ?)
- améliorer la coordination entre les différents intervenants (retrait des arbres tombés et réparation du réseau électrique) ;
- renforcer la résilience du réseau grâce à une refonte des pylônes et des poteaux électriques, voire leur suppression pure et simple.
Le Japon passe à la vitesse supérieure.
Pour finir, l’ARNE recommande une meilleure préparation de l’industrie à ce genre de catastrophes naturelles :
- une production d’électricité de plus en plus décentralisée, grâce aux énergies renouvelables ;
- des réserves spéciales pour l’alimentation des véhicules électriques.
En quelques années seulement, le Japon a subi de plein fouet plusieurs catastrophes naturelles d’une ampleur inédite. On pensait jusqu’alors que ces phénomènes étaient susceptibles de se produire seulement une seule fois sur plusieurs décennies. L’ARNE estime qu’il est temps de revoir la norme à la hausse et de se préparer en conséquence.
Contactez-nous pour en savoir plus sur ce sujet fascinant.
Vous vous intéressez à l’impact des catastrophes naturelles sur la production et la distribution d’électricité au Japon ? Je vous invite à consulter les données sur les phénomènes météorologiques violents de l’Agence japonaise de météorologie . Vous trouverez également des ressources utiles sur le site de l’Agence japonaise des ressources naturelles et de l’énergie.
Vous ne savez pas lire le japonais ? Contactez EnR Japon pour une mission de recherche en japonais.
- Article de l’ARNE sur le réseau électrique japonais face aux typhons : https://www.google.com/url?q=https://www.enecho.meti.go.jp/about/special/johoteikyo/typhoon.html&sa=D&ust=1592840395361000&usg=AFQjCNF3yroTlLGglQAmarmPIh5widFwSQ[↩]
- Données sur le nombre de typhons au Japon, par l’Agence japonaise de météorologie : https://www.data.jma.go.jp/fcd/yoho/typhoon/statistics/landing/landing.html[↩]
- Typhons vs cyclones tropicaux vs ouragans, par Futura Science : https://www.google.com/url?q=https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/meteorologie-cyclone-3582/&sa=D&ust=1592899562773000&usg=AFQjCNGVANtFoTqV3yT7xSV0eDUiNxIqAA[↩]