Le livre blanc de l’énergie est un document publié annuellement par l’Agence japonaise des ressources naturelles et de l’énergie (ARNE). Le dernier en date a été publié le 5 juin 2020.
Cet énorme pavé de 366 pages comprend 3 grandes parties :
- la situation énergétique et les principales mesures prises par le Japon ;
- les tendances nationales et internationales en matière d’énergie ;
- le bilan des mesures prises par le Japon en 2019 pour gérer l’offre et la demande.
Je vous propose de découvrir ensemble les grandes lignes de la partie 1. Quel avenir l’ARNE réserve-t-elle aux énergies renouvelables ? Rassurez-vous, il est plutôt radieux. En avant pour un rapide tour du propriétaire.
Le livre blanc de l’énergie de 2020 en un mot : résilience.

Dans sa présentation au public, l’ARNE explique que le livre blanc de l’énergie de 2020 est l’occasion de :
- faire le bilan des progrès réalisés en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
- dresser un état des lieux de la région de Fukushima depuis la catastrophe nucléaire de 2011 ;
- souligner l’évolution rapide de l’état des ressources énergétiques dans le monde.
En résumé, le dérèglement climatique et la multiplication des catastrophes naturelles doivent inciter le Japon à mieux se préparer à affronter le pire. L’ARNE articule donc son livre blanc de l’énergie de 2020 autour d’un mot-clé : la résilience.
Voici les grands objectifs du Japon en 2020 :
- se préparer contre les catastrophes naturelles et les risques géopolitiques ;
- renforcer son système énergétique ;
- lutter contre le dérèglement climatique.
1) La reconstruction de la région de Fukushima
La reconstruction de la région de Fukushima à la suite de la catastrophe nucléaire de 2011 est un sujet de première importance dans ce livre blanc.
En 2019, il était surtout question de lutter contre la pollution des eaux souterraines provoquée par la centrale nucléaire. Cette année, l’ARNE nous présente un projet de recherche axé sur l’hydrogène, qui a débuté en mars 2020 dans le contexte d’un « plan pour une société des énergies nouvelles à Fukushima ». Cette année, les spécialistes français de l’hydrogène auront donc tout intérêt à braquer leurs longues-vues sur la région de Fukushima.
Les énergies solaire et éolienne ne sont pas en reste dans ce plan pour une société des énergies nouvelles. En effet, la région de Fukushima vise plus généralement un approvisionnement en électricité à 100 % d’origine renouvelable aux alentours de 2040.
2) La préparation aux catastrophes naturelles et aux risques géopolitiques
Le plus gros risque qui pèse actuellement sur le Japon est celui des catastrophes naturelles. En 2018-2019, de nombreux séismes et typhons, entre autres, ont provoqué des coupures de courant et ont interrompu l’approvisionnement en gaz et en combustibles. Le Japon a donc urgemment besoin de renforcer son système énergétique.
C’est ici que les énergies renouvelables entrent en jeu. Selon l’ARNE, le Japon ne peut plus se reposer uniquement sur des systèmes de production d’électricité centralisés, de grande ou de moyenne envergure. Les sources d’approvisionnement décentralisées et de faible envergure ont un rôle important à jouer.
Les auteurs du livre blanc insistent sur les avantages des énergies renouvelables, notamment l’absence d’émissions de gaz à effet de serre et la possibilité de produire l’électricité directement au Japon (autrement dit la réduction des importations). Un combo gagnant pour un pays qui misait sur l’énergie nucléaire pour assurer son indépendance énergétique, mais qui a perdu le soutien du public après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.
Le Japon envisage aussi une refonte du réseau électrique. La nouvelle version de ce réseau sera axée en priorité sur les sources d’énergie de nouvelle génération, c’est-à-dire les énergies renouvelables. Le réseau devra par ailleurs être hautement informatisé et être capable de prendre en charge de nouvelles formes d’énergie qui pourraient voir le jour à l’avenir. Une belle piste à creuser pour nos spécialistes français du raccordement au réseau des énergies renouvelables.
3) La mise en application de l’Accord de Paris
L’ARNE se félicite des mesures prises par le Japon en vue de mettre en application l’Accord de Paris. Pour rappel, cet accord a été conclu lors de la COP21 qui s’est tenue à Paris en décembre 2015. L’objectif principal est de limiter le réchauffement climatique planétaire à 2°C (voire 1,5°C), en luttant notamment contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement japonais s’est fixé pour objectifs une « réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici à 2050 » et une « société décarbonée à long terme pour la deuxième moitié de ce siècle ». Sa stratégie pour y parvenir repose sur trois grands axes :
- encourager l’innovation ;
- encourager la finance verte ;
- collaborer à l’international par le biais de ses entreprises.
Dans le livre blanc de l’énergie de 2020, l’ARNE met l’accent sur deux éléments indispensables et indissociables de cette stratégie : l’innovation et la finance. L’innovation est indispensable pour décarboner la production d’électricité, les transports, les entreprises et les foyers. Les financements sont quant à eux indispensables pour la recherche et le développement.
L’ARNE s’intéresse notamment aux travaux de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD)1, qui collecte et publie des renseignements financiers liés au climat (gouvernance, stratégie, gestion des risques et objectifs) que les entreprises peuvent utiliser pour améliorer leurs rapports et leurs échanges avec les investisseurs, les compagnies d’assurance et autres parties prenantes.
Au 1er avril 2020, 259 organismes japonais contribuaient aux travaux de la TCFD, contre 54 organismes français. Si vous souhaitez obtenir des données sur les entreprises japonaises, je vous encourage à vous intéresser aux travaux de la TCFD, donc le site est entièrement en anglais.
4) La réforme de plusieurs lois au profit de la résilience énergétique du Japon
Pour finir, le livre blanc de l’énergie de 2020 introduit un « projet de loi pour le renforcement de l’approvisionnement en énergie ». Celui-ci prévoit notamment la réforme de trois grandes lois :
- la Loi sur l’industrie de l’électricité ;
- la Loi spéciale sur l’approvisionnement en énergies renouvelables par les entreprises d’électricité (autrement appelée Loi spéciale sur les énergies renouvelables) ;
- la Loi sur la Compagnie nationale du pétrole, du gaz et des métaux (autrement appelée la Loi sur la JOGMEC) ».
Les spécialistes du droit japonais auront donc tout intérêt, dans les prochaines à venir, à surveiller de près l’évolution des lois japonaises pour le secteur de l’énergie.
Pas de doute, le livre blanc de l’énergie de 2020 fait la part belle aux énergies renouvelables.
Vous l’aurez compris, les énergies renouvelables sont au cœur du livre blanc de l’énergie de 2020 au Japon. De nouvelles portes sont susceptibles de s’ouvrir pour de nombreux acteurs :
- les professionnels des filiales hydrogène, solaire et éolien ;
- les spécialistes du raccordement au réseau des énergies renouvelables ;
- les spécialistes du droit japonais.
Plus généralement, toutes les entreprises proposant des solutions innovantes pouvant contribuer à renforcer la résilience et l’indépendance énergétique du Japon auront des occasions à saisir. Cette tendance se poursuivra-t-elle ? Réponse l’année prochaine, à la publication du livre blanc de l’énergie de 2021.
Vous aussi, explorez ce livre blanc dans ses moindre détails.
Vous lisez le japonais ? Téléchargez dès maintenant le livre blanc de l’énergie de 2020.
Vous voulez tout savoir sur ce document, mais vous ne savez pas lire le japonais ? Faites appel aux services de traduction japonais français d’EnR Japon.
- https://www.fsb-tcfd.org/about/[↩]